Irlande - Europe - Démocratie

Ce blog n'aura jamais aussi bien porté son nom qu'après le non des Irlandais à la ratification du traité de Lisbonne.

Alors qu'il est de bon ton de fustiger les Irlandais, voire de les stigmatiser – eux qui par leur seul non «bloquent l'Europe», eux qui «ont tant reçu»... - il convient de s'arrêter un moment sur la signification de ce non.

Car enfin, depuis 2005, toutes les consultations des peuples européens quant à la construction de l'Union se soldent par un refus cinglant. A court d'arguments, ces mêmes «chantres auto-proclamés» de l'Europe en viennent à dire maintenant que l'Europe sert d'exutoire et de vote sanction à l'égard des gouvernements nationaux, au point d'entendre notre Président de la République proposer aux Irlandais de revoter, comme si décidément, ils n'avaient rien compris. Quel déni de démocratie.

Et si pour une fois, on écoutait les Européens ? Ces peuples qui dans une grande sagesse collective et toute démocratique, n'adhèrent pas à l'Europe qu'une élite nous sert :

  • Une Europe qui a sous-estimé les identités nationales, régionales, suprarégionales ; Le « qui suis-je ? » Mentonnais ? Français ? Méditerranéen ? Européen ? Italien ? Provençal ? Piémontais ? ... Se sentir Européen, vouloir être Européen est une ultime étape, elle a trait aux mentalités, elle ne se décrète pas.
  • Une Europe que seule une minorité économiquement et politiquement dominante comprend et souhaite. Il nous faut des règles européennes claires, intelligibles de tous, sur lesquelles chacun peut avoir son opinion et puisse adhérer de nouveau à un projet européen. La construction à marche forcée, sans les populations, a trouvé aujourd'hui ses limites.
  • Enfin, le projet européen doit aussi faire preuve d'autres valeurs que celles de l'argent-roi, de l'économie libérale au profit de quelques-uns. Si beaucoup de choses sont faites à la Commission pour limiter les inégalités en Europe, ce n'est pas l'image qu'elle donne : elle a l'image de l'euro, de la banque européenne, des grands marchés, des circulaires incompréhensibles par le commun des mortels.

La construction de l'Union Européenne est passée par l'économie depuis les années 50, car la perspective de profits communs mettait tout le monde d'accord, mais il est une étape bien plus haute à franchir aujourd'hui si l'on veut aller plus loin qu'une simple entente économique, forger une «appartenance» - pour ne pas dire nation – européenne.

«Pour exister un jour sur la carte politique, la Paneurope doit d’abord s’enraciner dans le cœur et le cerveau des Européens. Il faut que de peuples à peuples, d’industries à industries, de littérature à littérature, d’associations à associations, des ponts soient jetés, amitié, intérêt, compréhension mutuelle. Le sentiment de la communauté paneuropéenne, le patriotisme paneuropéen doivent couronner et compléter le sentiment national. »
Comte de Coudenhove-Kalergi, "Vers la Pan Europe", 1927

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