Des journalistes à Menton

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Le week-end dernier, se sont tenues à Menton les premières rencontres professionnelles des journalistes exerçant leur métier sur le pourtour méditerranéen, baptisées MMM, Menton Médias Méditerranée.

Organisées par le club de la presse, ces rencontres visent dorénavant chaque année à donner la possibilité aux journalistes de se rencontrer et débattre de leurs difficultés de terrain, de la manière d'aborder une information, de l'opportunité de se créer un réseau « méditerranéen ».

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On peut aisément comprendre l'initiative du Club de la presse en France : une profession aujourd'hui inquiète par les régressions successives de leur marge de manœuvre, moins par le politique comme on serait tenté de le croire, que par les puissances de l'argent, une profession précarisée et concurrencée par les nouveaux médias, et en particulier internet, où tout le monde peut « chroniquer » et « publier » sur un blog... j'y contribue. Bref, tout cela dans un contexte de débat sur l'audiovisuel public, ces rencontres ont donc été certainement l'occasion de redéfinir les bases du métier du journalisme et sa déontologie : liberté, égalité de traitement, vérification de l'information, indépendance. Des professionnels en somme. Ils en ont même fait une charte : La Déclaration de Menton.

Mais force est de constater que l'aire méditerranéenne apparaît aujourd'hui, sur ce thème comme sur d'autres, encore davantage comme une ligne de fracture que comme cette aire largement fantasmée d'unité civilisationnelle comme JC Guibal nous l'a introduit. Car enfin, si la Méditerranée a été le berceau de plusieurs faits civilisationnels, jamais elle n'a été unie. Ainsi, que l'on cesse de nous vendre l'UPM comme une union de peuples qui jadis ce sont écartés les uns des autres, mais qui vont se retrouver dans un bel élan solidaire et compassionnel... L'UPM est un beau projet, mais il ne fonctionnera que s'il s'attèle à du concret, un partenariat réel entre les pays riverains de la Méditerranée.

On ne peut donc que se réjouir qu'un partenariat concret d'une profession débute ainsi à Menton. Mais quel rapport entre la situation d'un journaliste en France, en Tunisie ou en Palestine ? Aucune. Preuve en est le débat auquel nous avons assisté. Des règlements de compte et des accusations entre journalistes arabes et israéliens, ce qui a été l'occasion d'ailleurs de développer l'idée que l'information et sa diffusion est une arme de guerre, avec toute la difficulté d'exercer le métier et sa déontologie à ces moments là. Ailleurs, ce sont des journalistes muselés, voire opprimés par des régimes autoritaires. On mesure alors l'écart des situations entre la rive nord et la rive sud. En France, en Italie les relations malsaines entre le capitalisme financier et le métier sont bien connues. On en vient à relativiser l'information des fois bien peu objective de notre cher Nice-Matin comme le soulignait Paul Barelli du Monde.

Bref, si JC Guibal a pu se féliciter à juste titre d'accueillir à Menton ce type de réunion internationale, il n'en était pas moins cocasse de le voir vanter la liberté de la presse. Si l'objectivité n'existe pas en la matière, l'honnêteté et le professionnalisme du journaliste oui.

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