Décalages... et malaise

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Abasourdi, cette semaine, par le fatalisme des personnes que je croise au travail, dans la rue, entre amis ou en famille.

D'où vient donc ce malaise profond, un désarroi diffus chez beaucoup d'entre nous attachés à «une certaine idée de la France» - les Gaullistes en font partie – attachés à une équité sociale, à un service public au service et considéré de ses concitoyens, à de vrais rapports humains dans l'entreprise et dans la société, à un développement de nos sociétés en relation avec notre environnement ? Eh bien, c'est que leur idéal de société s'écarte de plus en plus de ce qu'ils vivent ou de ce qui leur est présenté dans les médias. Une réalité de magouilles, de tricherie, de com' sans rien derrière.

Magouilles, tricherie au PS, parti politique sensé au départ porter ces valeurs, ne serait-ce parce qu'il se revendique comme opposition. Tellement englué qu'il est dans des querelles de chefs, de bourrages d'urnes – traîtrise par excellence dans un régime démocratique - , ou encore de ses transfuges récupérés par le gouvernement. Et ils osent se draper dans le «non cumul de mandats» comme pour se faire une nouvelle virginité, comme pour détourner l'attention, comme si on y croyait encore.

Magouilles, tricherie dans le sport, discipline qui devrait s'en écarter le plus par les valeurs qu'elle véhicule. Cela va du dopage quasi général, devenu normal à telle enseigne que ce sont les laboratoires de dépistage qui doivent faire leur preuves jusque devant les tribunaux. Cela se poursuit aujourd'hui en Formule 1 chez Renault, par des tricheries dont les motifs ne sont que financiers et de profits.

La Finance qui gangrène jusqu'à l'excès le capitalisme d'entreprise, qui conduit certains patrons à harceler les personnels à qui on n'offre aucune considération ni aucune perspective pour se construire. Les licenciements continuent de se multiplier. La Fonction publique suit d'ailleurs cette pente dangereuse, victimes d'une vindicte publique orchestrée, contraints de faire toujours plus avec toujours moins de moyens financiers et humains. Financiarisation de toute l'économie qui a plongé le monde entier dans la crise, contexte éminemment dangereux, et l'Histoire nous en a apporté suffisamment de preuves.

Décalage béant entre le discours et la réalité. Décalage insupportable quand un ministre d'État met à la retraite d'office un préfet de la République pour propos racistes, et que dans le même temps, celui-ci n'est en rien inquiété aujourd'hui.

Décalage ahurissant quand on baisse les impôts des plus riches et qu'on taxe tout le monde de la même façon au prétexte de nous «éduquer» à l'Écologie, au motif éculé de rétablir les comptes de l'assurance maladie en déremboursant encore les médicaments les plus courants, en augmentant le forfait hospitalier, quand dans le même temps, la caisse rétribue des volontaires de la coupe de monde de rugby en trimestres de cotisations !

Décalage encore quand la Justice est instrumentalisée, quand les juges d'instruction sont supprimés, quand la séparation des pouvoirs est directement mise en cause dans le dossier Clearstream. Trucage encore dans les plus hautes sphères du pouvoir quand la manipulation de sondages est érigée en principe de gouvernement.

Alors oui, j'accuse ! Aurait dit Zola... Mais je ne suis pas Zola. J'ai la désagréable sensation que tout m'échappe, que personne ne réagit ou ne s'en rend compte ; il n'y a qu'à voir notre indifférence collective, notre société anesthésiée, paralysée.

Alors que faire ? Dire à mes enfants « Trichez, manipulez, vivez chacun pour soi et enrichissez-vous ; vous réussirez dans la vie » ou bien « respectez les lois et soyez les agneaux que l'on tond » Valoriser parmi mes élèves ceux qui pompent, qui recopient, qui falsifient ; ainsi les préparai-je bien à vivre dans notre société ?

Certainement pas... jamais, tant pis . En petit fonctionnaire de base respectueux des lois, je continuerai à me battre à mon niveau, pour le modèle de société auquel beaucoup aspirent. Après tout, si le « faire de la politique autrement » n'était pas que de creuses paroles ? Et si cela avait du sens ?

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