Finalement, l’affiche du deuxième tour nous semble normale, presque rassurante.
En effet, après le traumatisme de 2002, retrouver un bon vieux duel droite-gauche nous ferait presque dire que tout va bien en France, en notre bonne vieille démocratie mature et apaisée.
Et pourtant, jamais une élection présidentielle n’a vu 5 candidats atteindre un score de 10%. François Hollande 28%, Nicolas Sarkozy 27%, Marine Le Pen 18%, Jean-Luc Mélenchon 11% et François Bayrou 9%. Et alors me diriez-vous ? Eh bien une chose essentielle : Cela confirme la tendance lourde depuis 2002 qu’est le rejet par une majorité de Français du bipartisme droite-gauche.
En effet, les extrêmes par définition exclusives et opposées à la règle démocratique, totalisent 29%. François Bayrou sentant bien le phénomène latent depuis 2002, faisait le pari d’un rejet « raisonné » de la droite de gouvernement comme de la gauche : 9%. Ce qui nous amène à 38%. Ajoutez à cela les 20% d’abstentionnistes, cela nous fait 58% de Français pour lesquels le choix ne s’est ni porté sur la gauche gouvernementale, pas plus que sur la droite sortante.
Or, depuis le choc et la prise de conscience de ce phénomène en 2002, rien a été fait, ou si peu. Jacques Chirac a confessé depuis qu’élu avec 82% des suffrages, il n’avait pas pris la mesure de ce fait, ni concrétisé un gouvernement d’union. En 2007, François Bayrou en avait fait sa position originale et l’avait placé en 3° homme, tandis que Nicolas Sarkozy menait campagne habilement contre la gauche naturellement, mais aussi contre la droite sortante avec sa « rupture » et son roi fainéant.
En 2012, la défiance des Français à l’égard des partis de gouvernements est plus que jamais là. On peut gloser sur l’échec de François Bayrou, puisque le populisme des extrêmes a fait nécessairement mieux, il n’empêche que le danger démocratique est bien présent. Alors oui, on se prononcera encore pour l’un ou l’autre au second tour. Alors oui, on continuera de dénoncer les décisions partisanes donc iniques des uns et des autres, oui on militera pour une VIe République limitant 5 ans de pouvoir quasi absolu de l’exécutif. Et après ? D’ici 2017, le vote Marine Le Pen sera devenu un vote d’adhésion. Il l’est déjà en partie ; pas la peine de s’en voiler la face. Les droites populistes dans une Europe en crise, malmenée par la mondialisation et la crise économique l’ont bien compris. Elles vont se faire mielleuses pour mieux mettre à bas le parlementarisme ; cela s’est déjà vu ailleurs… en d’autres temps.
1 De Xavier -
38 % des exprimés + 20 % des inscrits , ça ne fait pas 58 %
Il faudrait dire 38 %*0,79+20 % = 50 % des inscrits.
Et oui, les maths sont partout !