Une VIe République… vite !

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François Bayrou avait le premier magistralement dénoncé l’affairisme de la présidence sarkozienne dans abus de pouvoir. Nul doute que les affaires freinées un temps vont refaire la une à la rentrée : La Justice a quelque chose de bien, c’est que tôt ou tard, les procédures finissent par aboutir.

Or les affaires ont été si nombreuses et si scandaleuses que tout le fonctionnement républicain risque d’être remis en cause. Ce serait cruel de les rappeler ici : Allez… on le fait : L’affaire Tapie et son tribunal arbitral, l’affaire Bettencourt + Kadhafi et le financement des campagnes électorales, l’affaire Karachi, ses rétro-commissions et ses victimes collatérales, Clearstream et son croc de boucher, l’affaire Courroye et les écoutes de journalistes, les sondages de l’Élysée, l’EPAD et le fiston – voilà pour les principales.

Pourquoi les rappeler ? Parce que les procès en cours mettront tous en cause, à n’en pas douter, l’excessive centralisation des pouvoirs dans la main du seul chef de l’État. Le débat n’est certes pas nouveau, mais bien plus dangereux aujourd’hui et cela, pour trois raisons :

  • 1- Une profonde incompréhension entre gouvernants et gouvernés

Le contexte n’est plus celui de l’après-guerre, d’une personnalité écrasante comme l’a été celle du Général. La légitimité de nos gouvernants est depuis longtemps mise à mal par les populismes de tous bords dont les audiences ne cessent de monter. La déconnexion croissante entre les « élites » républicaines et la masse citoyenne est devenue insupportable pour la démocratie.
Qu’on incrimine la Finance, la technocratie, la mondialisation sans trop savoir ce qu’elle revêt, ou bien les étrangers, ou encore tout à la fois, notre démocratie ne fonctionne plus de façon satisfaisante pour le XXIe siècle. La question européenne sur ce point est la plus douloureuse, et je passe sur les mesquineries des élus locaux. En outre, la mise en place du quinquennat éloigne encore un peu plus le contrôle citoyen puisque la messe est dite pour cinq années sans réelle possibilité d’intervention, hormis celle d’un hypothétique référendum.

  • 2- Le contexte actuel est celui d’une crise liée à une mondialisation difficile et angoissante pour l’Europe

La prise de conscience de l’opinion publique sur ce point est déjà très avancée – il n’y a que les « politiques » pour la nier – Or, le solde affairiste du quinquennat sarkozyste révèle au grand jour ce hiatus grandissant. De plus, le contexte aujourd’hui est angoissant : maintenir notre niveau de vie élevé et notre puissance au sein d’un monde mondialisé est loin d’être assuré. Et le débat devient social dès cet instant. Il exacerbera les tensions avec nos gouvernants lorsque ceux-ci se montreront impuissants. Là est tout l’enjeu des licenciements chez Peugeot ou ailleurs ces dernières semaines. N’importe qui a fait un peu d’Histoire pourra diagnostiquer un contexte explosif ; vous en avez ici tous les ingrédients.

  • 3- L’état d’urgence de la situation

D’abord répondre au déficit démocratique par une réforme institutionnelle majeure en changeant de République et sauver ce qu’il reste de notre lien civique. Ensuite, se tourner résolument vers l’Europe comme planche de salut dans la mondialisation. Facile à dire me direz-vous.

La présidence « normale » que prône François Hollande a sonné juste dans la campagne car elle répond en partie au premier défi. Il est indispensable d’aller beaucoup plus loin et c’est possible : Les socialistes ont 5 ans et quasiment tous les pouvoirs pour le faire. C’est une fenêtre unique, et s’ils ne le font pas, plombés par le poids des conservatismes, ils devront en porter la lourde responsabilité.

Pour l’Europe, la crise et son règlement au coup par coup a démontré que l’on existera à l’échelle mondiale si et seulement si une intégration plus politique voit le jour. Cela ne se fait pas du jour au lendemain, certes, mais ne serait-ce que réenclencher le processus de construction européenne abandonnée depuis des années serait louable. Comment ? Avec les peuples certainement. Plusieurs analystes s’accordent à penser que le meilleur moyen serait de s’appuyer sur les parlements nationaux, seules institutions à être à peu près semblables en Europe et présentant l’énorme avantage d’être élues. Harmoniser leurs calendriers électoraux, leurs compétences, les associer de plus en plus au Parlement européen.

Voilà deux évolutions qui, menées en parallèle, peuvent sauver notre démocratie malade.

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