Le costume devenu trop grand de la France


La France, par son Histoire, a su depuis 200 ans s’affranchir complètement du pouvoir religieux. C’est l’Histoire de France, de son combat révolutionnaire contre son roi et le clergé au tournant des 18e et du 19e siècles. La République a ensuite gagné ce combat au 19e siècle en s’imposant et en développant une conception originale de la laïcité, tout à fait unique, qui lui a fait oublier jusqu’à l’idée même de blasphème. L’Ecole en avait pris alors sa part, et les Eglises de France et le Judaïsme présents alors s’en sont accommodés au cours du 20e siècle.

Force est de constater que la puissance française n’a plus les moyens d’affirmer son modèle républicain au sein d’un jeu de puissances dans un monde devenu multipolaire et mondialisé. Lâchée par ses alliés qui n’ont pas opéré une telle coupure laïcarde, la France se retrouve seule à défendre sa laïcité exigeante face à des puissances désormais rivales pour lesquelles l’Islam est devenu un instrument.

En ce début de 21e siècle, la France a perdu ce combat de « phare » des droits de l’Homme, d’un Homme libre du pouvoir de lois qu’il n’accepte pas, libre d’un pouvoir religieux qui le contraint au-delà de sa mort, libre face au pouvoir coercitif de l’armée. On peut le regretter, mais le monde n’est plus à son échelle.

Pas de méprise ; ce combat républicain est engagé sur notre propre territoire au sein de notre propre société et ce combat-là, nous ne pouvons le perdre. Le Président a eu raison de rendre un hommage appuyé de la Nation à Samuel Paty, un enseignant. Car l’Ecole dans son travail de formation d’un citoyen éclairé, de cohésion nationale est en première ligne de cet effort national. Mais l’Ecole est dans un tel état que je crains que cet enterrement ne soit celui de l’Ecole républicaine elle-même. Je souhaite me tromper si cet assassinat terroriste et l’hommage national qui lui a été rendu participe à rendre sa place à la mission de l’Ecole républicaine. L’erreur du Président a par contre été de tourner son discours anachroniquement encore à l’international, empli de références du 19e siècle devenues ignorées par le quidam – c’est la faillite de l’Ecole. Erdogan et d’autres se sont empressés de le souligner en portant le fer au cœur même de notre société, libérant des milliers de couteaux anonymes qui tuent, qui tuent des français pas encore décillés.

Ajouter un commentaire

Les champs suivis d'un * sont obligatoires

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page