Au 3° coup de semonce...


Nos institutions ont ceci de malléable, c’est que le vote de la semaine dernière aux Législatives 2022 va nécessairement obliger notre classe politique déboussolée par le « en-même temps macronien » à revenir aux fondamentaux de l’exercice démocratique. Il en était temps, c’est urgent.

Depuis 2007, avec F. Bayrou et l’aventure du MoDem, je m’étais inscrit dans le dépassement de la gauche et de la droite politiques. Nous faisions alors le constat que le débat démocratique était devenu caricatural les uns annihilant ce que venait de faire l’autre camp et vice et versa. Le tout était servi par des institutions qui le permettaient, surtout depuis l’irréfléchie instauration du quinquennat présidentiel. Cela avait conduit à l’hyperprésidence sarkozyste, puis celle plus modérée hollandaise - mais détricotant méticuleusement elle aussi tout ce qui avait été fait, il est vrai outrageusement.

Les Français d’ailleurs ne s’y étaient pas trompés s’estimant à juste titre être devenus les jouets entre les mains de présidents grands ordonnateurs d’à peu près tout. Avec le MoDem, j’ai accompagné la campagne d’E. Macron de 2017 en faisant campagne et en montant le comité en-marche mentonnais : c’était la promesse d’autres règles du jeu démocratique. Souvenez-vous, nous militions alors pour davantage de proportionnelle ! Pour autant, j’étais alors aux premières loges de signaux alarmants qui allaient très vite me désillusionner sur le quinquennat qui était alors à venir, et sur le fait qu’E. Macron allait rater sa ligne politique.

  • Le premier de ces signaux a été le parachutage d’une illustre inconnue A. Ardisson aux Législatives de 2017. Cela augurait de la persistance des vieilles baronnies azuréennes qui prenaient le vent macronien, mais surtout, du manque de volonté total de mettre en place un vrai parti enraciné dans notre territoire, de partisans, de militants, de réunions d’informations, de débats, de vie politique locale quoi ! La seule chose qu’a fait A. Ardisson a été de détruire instantanément tout le tissu local et de ne s’appuyer que sur les vieilles baronnies décrédibilisées qui l’avait adoubée. Ce manque d’enracinement et de travail de terrain – je parle de vrai travail de terrain avec les militants, pas d’être sur toutes les photos à inaugurer les chrysanthèmes – la Députée sortante le paye sèchement aujourd’hui.
  • Deuxième signal : Le MoDem aurait pu, aurait dû, être l’artisan de la construction d’un parti politique incarnant la politique présidentielle. Personne ne s’y est attelé, L. Dombreval abandonnant complètement le parti une fois élu Maire de Vence puis Député. La volonté de C. Estrosi de tuer le mouvement dans l’œuf a fait le reste, et récupérant l’espace politique, s’en est servi dans sa guerre idéologique avec E. Ciotti sans aucune incarnation dans les Alpes-Maritimes pour porter ces idées. Seuls C. Estrosi et E. Philippe en mesuraient les enjeux alors.
  • Troisième signal, au niveau national cette fois, un parti LREM qui est resté faute de s’en être occupé, un parti de godillots sans racines ni territoriales, ni idéologiques. Pire, un président « Jupiter » qui s’est coulé dans les travers mortifères de la 5e République en ayant oublié quelles idées l’avait fait élire. Exit la vie d’un vrai parti, exit la réforme constitutionnelle, exit une politique propre en adoptant tous les idéaux de droite. Premier coup de semonce : le soulèvement des gilets jaunes. Deuxième coup de semonce : la crise sanitaire l’obligeant à une intervention massive de l’Etat. Troisième coup de semonce : La débâcle aujourd’hui des Législatives. Quel gâchis.

Le plus désolant, c’est qu’à chaque semonce, c’est le RN qui accroissait son audience : Gilets jaunes et violences, antivax, 89 députés pour cette législature.

Alors maintenant ? Oui, revenons aux fondamentaux du débat démocratique.

  • Les idées, les idées, les idées.
  • Les partis, les partis, les partis.

Le jeu parlementaire va reprendre des couleurs, il en était temps. Ceci dit, je ne me fais plus beaucoup d’illusions sur le personnel politique… En perçoivent-ils même les enjeux ?

Ici, la vie va suivre son cours, désormais avec une députée RN normalisée. Tous nos LR maralpins en devenant du jour au lendemain de sarkozystes à macron-compatibles ont abandonné la tenue de la digue RN. Plus de plafond de verre, plus rien, un raz-de-marée dans un département depuis longtemps miné. Y. Juhel n’y fera pas exception et prépare la mairie au RN. Après y avoir été porté à la tête de la municipalité avec le groupe RN, il met en place un clientélisme ouvertement affiché désormais à Garavan ou dans la gestion des jardins. Nous y reviendrons.

Je reste très éloigné des idées du Député E. Ciotti ; il n’en demeure pas moins qu’il tient la ligne de la cohérence du parti LR que d’autres ont lâché pour un plat de lentilles, quitte à participer lui-même à l’acceptation du RN comme fréquentable. La direction nationale du parti LR d’ailleurs sera celle de cette cohérence. Il aurait pu s’abstenir en revanche du recadrage subi par le Maire de Breil S. Olharan qui, dans un sursaut républicain, avait appelé, encore une fois, à continuer de faire barrage au RN…

Souhaitons encore beaucoup de sursauts républicains.

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