Vintimille, Menton… et schengen : quelle mauvaise foi !

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Sarkozy – Berlusconi : 0 partout !
Quand d’un côté comme de l’autre on manipule l’information, quand on continue de prendre ses concitoyens pour ce qu'ils ne sont pas…

Mauvaise foi côté italien car, sous couvert des accords de Schengen qui autorise la libre circulation des biens et des personnes à l’intérieur de la zone, Silvio Berlusconi sait pertinemment qu’en délivrant les visas aux quelques 25.000 tunisiens arrivés en Italie, ceux-ci quitteraient le sol italien pour aller majoritairement en France, pays dans lequel la langue est connue et se trouve peut-être déjà de la famille. L’Italie se « débarrasse » du problème.

Mauvaise foi du côté français car, au lieu de dénoncer cette pratique – Schengen a pour objet aussi de renforcer les frontières extérieures de l’Europe, et l’Italie se déjuge en pratiquant de la sorte – Nicolas Sarkozy ajoute de l’huile sur le feu en bloquant un train… et du même coup la frontière franco-italienne. Pire encore, il accuse le traité de Schengen et non le coup de force de l’Italie. Je dis pire, car en pointant Schengen, Sarkozy accrédite encore un peu plus les thèses nationalistes, populistes et simplistes de l’extrême droite. Et histoire de faire bon poids, la raison officielle est « trouble à l’ordre public »…, avec force venue de notre ministre de l’Intérieur. Le tout sécuritaire est toujours de mise. D’autant que les visas Schengen sont encadrés : justifier la raison du déplacement, être en possession de moyens de subsistance suffisants pour la période du séjour - 90 jours maximum - et bénéficier d'une assurance rapatriement.



Qu’en retenir ?

  • Eh bien que nos deux matamores continuent de faire de la com’ et en même temps le lit des extrêmes droites.
  • Que cela ne se serait peut-être pas envenimé si une vraie politique transfrontalière entre Menton et Vintimille avait vu le jour. Depuis 20 ans, la mairie de Menton refuse de faire quoi que ce soit, tout en utilisant les crédits alcotra à autre chose que leur destination initiale.
  • Qu’humainement, la situation à Vintimille se dégrade, que les réfugiés sont jeunes et sans ressources pour la plupart.
  • Que le réel enjeu est ailleurs. Ne pas laisser l’Italie gérer seule le flux de ces jeunes Tunisiens ; un manque de gouvernance de l’UE une fois de plus. Régler au plus vite la guerre de Libye et de fait, la pression à la frontière tunisienne. Une vraie politique de voisinage avec les pays proches de l'Union européenne.
  • Que notre Europe est décidément bien mal en point pour accepter cela sans rien dire et, qui plus est, en acquiesçant à la proposition de redéfinir Schengen…

Pour tout cela, venez rejoindre le MoDem à la frontière à Menton ce samedi 7 mai, à 17h00.
Nous marquerons symboliquement cette triste Fête de l'Europe en réparant un drapeau européen géant !
Mobilisation flash contre les gouvernants français et italiens qui bafouent les traités européens pour des raisons électoralistes. Rendez-vous au poste frontière du Pont St Louis à Menton à 17h00.

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état de l'Europe au poste frontière de Menton le 7 mai...

A deux jours du 61ème anniversaire de la déclaration de Robert Schuman à l'origine de cette ambition commune qu'est l'Europe, ici entre ces deux territoires récemment confrontés à un défi dépassant par nature les moyens limités de leurs autorités respectives, il est devient urgent et vital de renforcer l'Union européenne.

Ainsi, par cette action symbolique consistant à rapiécer le drapeau commun et recoudre ses composantes étoilées, nous voulons manifester notre défiance vis à vis de ces gouvernements otages de formations extrémistes, xénophobes, régionalistes, qui se sont honteusement défaussés sur la construction européenne pour masquer leur propre échec.

200 immigrés fuyant la misère aux portes des Alpes Maritimes, département de plus d'un million d'habitants, 25 000 à Lampedusa dans un pays peuplé de plus de 60 millions d'habitants, entités englobées dans un espace harmonisé de près de 500 millions d'habitants, menacent-ils vraiment l'ordre public au point de remettre en cause un pan entier de la construction européenne, quand on sait que la Tunisie elle-même fait face à 200 000 réfugiés fuyant un conflit auquel nous participons en Libye, et que l'Allemagne a accueilli seule 600 000 réfugiés bosniaques pendant le conflit des années 90.

Quand on évoque, dans une agitation pré-électorale, la suspension des Conventions de Schengen, leur modification, la révision des clauses de sauvegarde, on méprise d'une part les 25 autres partenaires européens qui sont concernés par ces textes et d'autre part les citoyens en les trompant sur l'origine de ces dysfonctionnements.

En effet, la France et l'Italie, qui ont pourtant fait partie du premier groupe groupe de six États à avoir répondu à l' appel de Schuman, ne peuvent pas mettre à mal l'Europe à elles seules. Si ces textes organisent la libre circulation des personnes à l'intérieur de cet espace sans frontières, c'est en confiant le contrôle de sa part de frontières extérieures à chacune de ses composantes. Cet acquis européen implique donc une solide confiance dans les autres pays. Or c'est précisément la confiance, moteur de la construction européenne, qui est atteinte dans ce funeste pas de deux.

Pour la restaurer, il faudra inéluctablement passer par une communautarisation des contrôles externes, une mutualisation européenne des moyens. Mais cela ne suffira pas. Si l'Europe vieillissante ne s'intéresse pas aux transitions en cours dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée, si elle n'accompagne pas le progrès économique et social de ces sociétés riches de leur jeunesse, elle se condamnera à l'échec d'un repli sur soi à l'abri illusoire de fragiles frontières.

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