François Bayrou est apparu très grave. Et différent.

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Invité dimanche soir sur RTL du Grand Jury, François Bayrou est apparu très grave. Et différent.

François Bayrou sort du tunnel. Vitrifié par des élections régionales cataclysmiques pour lui et son parti, l’ancien candidat à la présidence de la République avait choisi, depuis, d’observer une cure de silence. C’est ce qu’il avait de mieux à faire. Dimanche, il est réapparu spectaculairement (au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro). Dégrisé, sérieux et même grave, il s’est exprimé sur un ton tout à fait nouveau, qui surprend et intrigue.

Trois raisons à cela :

  • 1- Bayrou indique (ou rappelle) que le déficit français, la crise aidant, a augmenté, de 2007 à 2010, de 400 %, passant de 38 milliards d’euros à 152 milliards d’euros. La situation est donc grave, a-t-il dit avec force. Dans ces conditions, les gens sérieux et responsables, au rang desquels il entend figurer, ne peuvent plus se permettre de continuer les petits jeux classiques de la politique. « Pendant longtemps, on a été un peu légers. Je suis moi-même gascon. On ne peut plus aujourd’hui se payer ce luxe-là. » Et à l’adresse de Nicolas Sarkozy : « Il est des moments où il faut rassembler un peuple pour qu’il s’en tire. »
  • 2- La situation est déjà grave, mais Bayrou, sans verser dans le catastrophisme, estime que le pire n’est pas complètement exclu. Le pire ? Que la France, parce qu’elle n’aurait pas pris à temps les mesures ad hoc, se retrouve, demain, toutes proportions gardées, dans la situation de la Grèce et de l’Espagne : « dégradée » par la communauté financière, donc mal notée. L’ex-candidat centriste a pris bonne note de ce que le nouveau ministre du Budget, François Baroin, venait, en termes diplomatiques, d’admettre : la situation est « tendue ». Du coup, Bayrou approuve Nicolas Sarkozy de vouloir faire inscrire dans la Constitution que les déficits de fonctionnement – gommés aujourd’hui artificiellement par des emprunts « immoraux, honteux » – soient demain structurellement interdits. Et il révèle, au passage, que la France a transmis une « note » à Bruxelles annonçant deux points d’augmentation des prélèvements obligatoires.
  • 3. Bayrou refuse catégoriquement l’idée d’une « récession » et se dit prêt, à sa place, à participer à toute opération de nature à éviter ce drame : « Je n’accepte pas qu’on plonge le pays dans la récession. » Mais a-t-il une solution ? « Personne, martèle-t-il, n’a de solution », et, ajoute-t-il, nul ne sait quelle sera la donne « dans deux ans ».

Une évidence : alors que les conditions d’un affrontement droite-gauche se mettent en place dans la perspective de 2012, Bayrou a tiré la leçon de ses errances. Il ne regarde plus du côté d’une gauche qui ne veut d’ailleurs pas de lui. Ira-t-il jusqu’à se réconcilier avec Nicolas Sarkozy ? A court terme, non, mais tout, clairement, redevient possible.

Dominique de Montvalon, France Soir du 31 mai 2010

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