Voilà sans doute la dernière fois que j’affiche ce logo « mentonnais ensemble ». Il nous aura accompagné durant toute cette mandature, et j’ai été très fier et honoré d’en avoir été le porte-parole. J’espère avoir été utile dans le débat public et avoir porté nos idées au sein du conseil municipal. Dans tous les cas, nous avons essayé de porter une voix différente sur l'aménagement urbain réalisé ou envisagé, sur le PLU, sur les choix budgétaires...
Être ensemble était d’ailleurs une bien belle idée. Pascale Gérard avait réussi à rassembler sur son nom. Même si le contexte n’est plus le même, force est de constater que je n’ai pas eu le même poids politique pour maintenir cet attelage. Les partis, sans guère de considération d’ailleurs pour les projets à défendre, ont préféré jouer leur propre partition : En marche d’un côté, le MoDem de l’autre (!), le Parti socialiste du sien, les Verts du leur… On en a aujourd’hui le résultat : Personne pour défendre nos idées dans la prochaine assemblée municipale ; du grand Art !
Mais que tout cela semble déjà si lointain tant nous sommes confinés chacun chez soi, anxieux d’un virus qui attente à nos vies et met à mal nos démocraties. Là encore, ce sera ensemble, rassemblés en Nation comme en communauté locale, que nous parviendrons à le maîtriser. Prenez soin de vous, et bon courage à toutes et à tous, chacun à nos postes. Restons confiants et jouons collectif, je n’en démordrai pas.
Dans son dernier ouvrage, Frédéric Mitterrand dépeint ainsi l’état d’âme de Victor Hugo avant que Napoléon III ne jette à terre la seconde République :
« (…) Et Victor Hugo, durant tout ce temps-là, que fait-il donc ? Il hésite. Il passe de la confiance à la déception, de la déception à l'espoir, de l’espoir à l’inquiétude, de l’inquiétude à la colère, de la colère à la réflexion, de la réflexion à l'impuissance. Et cela repart dans l'autre sens, et cela tourne dans sa tête. Comme le lion dans la cage. Il ne renonce pas à l’idée qu’il s’est forgée de la République, mais il ne sait pas comment la traduire dans la réalité. Il a voté avec la droite, mais elle est décidément trop bête ; trop égoïste et trop bête. Il vote désormais avec la gauche, mais elle est délibérément trop irréaliste ; trop désordonnée et trop irréaliste. Il veut la liberté mais sans l’anarchie, l’égalité mais sans la violence, la fraternité mais sans les mensonges démagogues. Oui, la République sera, mais sans la guillotine, avec le progrès social mais sans les barricades et la répression.
La politique est une grande chose mais on ne devrait pas la laisser à ceux qui en font. Victor aime l'Assemblée nationale où il est assidu, les harangues, les débats, les empoignades et même les moments de rigolade, mais personne ne le prend au sérieux. Il soigne ses discours mais on le trouve empathique et filandreux. Il déplore le présent mais tout le monde s'en arrange. Il imagine l’avenir mais personne ne l’imagine comme lui. Il s'est finalement prononcé pour l'amnistie après l'avoir trouvée insuffisante, mais ça n'a pas marché. Il a refusé la restriction du suffrage universel en assurant qu'elle ferait le lit de l’insurrection, mais ça n'a pas marché non plus. Il voudrait agir mais il ne peut s’engager en aliénant son indépendance. Il voudrait l’influence mais il n’en exerce aucune. Il voudrait être partout, mais il n'est nulle part, sauf à son banc entouré de regards moqueurs ou hostiles (…) ».
In MITTERRAND (F.) « Napoléon III et Victor Hugo, le duel », xo éditions, 2019.