Gilet jaune et colère froide

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puceorange.gif Il est toujours plaisant de voir un filloniste pleurer des larmes de crocodiles sur le sort de ces pauvres classes moyennes. Le dernier « édito » de JC. Guibal en fait des tonnes. Il se trouve qu’à mes yeux, il fait partie de cette élite de la génération passée à qui j’en veux personnellement beaucoup : Enfants des 30 glorieuses, cette génération a failli. Aux manettes depuis mai 68, ils n’ont cessé de mettre à mal le modèle social français issu de la Libération, au nom du sacro-saint libéralisme, lui-même fils de cet ancien processus appelé mondialisation accéléré récemment depuis l’effondrement du bloc communiste et la révolution numérique. Ils n’ont pas encore pris conscience de l’impératif écologique depuis les alarmes des années 70. Tout cela, nous sommes en train de le payer, nous, la France active de la génération suivante. Car depuis l’élection de Jacques Chirac, ils nous ont bercé de mots quant à la réduction de la fracture sociale. Toutes les réformes engagées n’avaient qu’un but, soutenir l’économie française, mais dans le même temps en laissant fuir les capitaux, disparaître nos industries, sans aucune politique industrielle ou de recherche sur l’avenir, et au prix d’un moins-disant social toujours plus attaqué.

puceorange.gif Tout cela s’est vu par de multiples coups de canifs dans notre conscience collective nationale. On a encaissé le yacht de Bolloré, les exactions des Balkany, les portiques écotaxe, le cynisme de Fillon. Le lynchage médiatique de ce dernier lors de la dernière élection présidentielle en était l’expression, comme l’était l’abstention ou le vote aux extrêmes. Emmanuel Macron a su capter ce désarroi français et a suscité un espoir, lui, à la fois de notre génération, inséré dans le monde mondialisé actuel, le comprenant sur l’économie, sur l’Europe, sur l’écologie et nous comprenant… ni de gauche, ni de droite, un nouveau monde en somme.

puceorange.gif Aujourd’hui dernier acte. Après 18 mois, sans doute n’avait-il pas mesuré que la tension était à son comble chez ces gaulois en souffrance depuis 40 ans. Il y avait urgence. Trop, c’est trop, on n’en peut plus. Les signes qu’il a donné dès son arrivée ont tous été trop vieille droite, élitiste, déconnectée. Certains ont tenté de le corriger. Aujourd’hui, le vase déborde d’eau jaunasse. C’est compréhensible. Faute de mener la révolution, il la subi. Détrompez-vous, il s’agit bien d’une révolution. Car il s’agit bien cette fois de la classe moyenne au salaire médian qui décroche. Pas celle des minima et du smic, celle du salaire médian de 1800 euros. Celle qui travaille et qui pouvait encore s’offrir quelques loisirs et qui ne le peut plus. Il est remarquable que la France comme d’autres pays ne se soit pas vautrée dans les votes populistes extrémistes car le génie français a compris au fond de lui que là n’était pas la solution. Les français sont en recherche d’autre chose. Evidemment, les vieux dérapages ne sont pas loin : le général De Villiers en mauvais remake bonapartiste, les atteintes aux libertés fondamentales de barrages aux airs de fourches caudines. Les français aux gilets jaunes, comme le soutien à ceux-ci sont en quête de plus d’équité. On est dans un entre-deux, comme en 1789 quand les parisiens faisaient encore confiance au roi. Reste à se prémunir d’une fuite à Varennes…

puceorange.gif Il n’est pas facile de gouverner. La concurrence mondiale est immense, La Russie, la Chine et les États-Unis travaillent à la ruine de l’Europe. La défiance est installée et les inégalités de salaires sont à des niveaux insupportables. Une chose est sûre, c’est que l’on ne peut pas gouverner seul. Notre démocratie est tellement abîmée par 40 années de fausses promesses, de faux-semblants, que la confiance n’est plus là. Pourtant, la confiance est à la base de la relation humaine et démocratique. Sans confiance, c’est la défiance, le règne du chacun pour soi au détriment du bien collectif. Sans la confiance, le professeur ne peut pas faire la classe ; sans la confiance, l’élu ne peut pas organiser le commun ; sans la confiance, le syndicaliste ne peut pas défendre les intérêts de ses collègues ; sans la confiance, c’est la porte ouverte à l’autoritarisme ; sans la confiance, on ne fait plus Nation. Or la confiance n’est plus, et Emmanuel Macron l’a déçu une fois de trop.

puceorange.gif Alors, quelles solutions ? De Menton, je ne prétends pas donner des conseils au Président. Ce que je sais, c’est qu’il a besoin de corps intermédiaires et que l’on se fasse confiance les uns envers les autres. Sans quoi, je ne donne plus très cher de notre démocratie. Mais épargnez-moi la tribune guibaliste sur les classes moyennes !

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